« La plus grande révolution dans notre rapport à la musique »

LA PRESSE - techno : Les 20 ans de Youtube - 14 février | Karim Benessaieh

Danick Trottier, professeur en musicologie au Département de musique est cité dans cet article.

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PHOTO GABBY JONES, ARCHIVES BLOOMBERG

Le 14 février 2005, trois Américains lançaient YouTube, un site de rencontres qui s’est ensuite consacré au partage de vidéos personnelles. Rachetée par Google en 2006, la plateforme est devenue, 20 ans plus tard, un mastodonte aux contenus variés comptant 2,5 milliards d’utilisateurs. Retour sur deux décennies de l’ère YouTube.

Le choix du 14 février pour lancer YouTube en 2005 n’était pas anodin : Chad Hurley, Steve Chen et Jawed Karim, trois ex-employés du service de paiement en ligne PayPal, souhaitaient ouvrir un site de rencontres permettant aux célibataires de publier une vidéo de présentation. Cinq jours plus tard, aucune vidéo n’avait été téléchargée, ce qui a forcé le trio à viser plus large avec la publication de vidéos personnelles. Jawed Karim a inauguré la nouvelle vocation le 23 avril avec une séquence de 19 secondes présentant sa visite au Zoo de San Diego. C’était la première vidéo d’une plateforme qui en compterait aujourd’hui 4,3 milliards.

Une spécialité : la musique

Une semaine plus tard, le 2 mai 2005, un vidéoclip de qualité médiocre, sur l’air de Vernal Lullaby du groupe Queens of the Stone Age, inaugure ce qui deviendra la grande spécialité de YouTube : la musique. Fait rigolo, cette vidéo de 1 minute 24 secondes figure toujours sur cette plateforme. Pas de doute pour Danick Trottier, professeur de musicologie du département de musique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), 20 ans plus tard, YouTube « est certainement la plus grande révolution dans notre rapport à la musique ». La dématérialisation de la musique et Napster avaient ouvert la voie, « mais ça ne rejoignait pas autant le grand public comme le fera YouTube, la première plateforme qui a généralisé le streaming », ajoute-t-il.

Une plateforme polyvalente

Après son acquisition par Google en 2006 au coût de 1,6 milliard US (2,3 milliards CAN) et des ententes avec l’industrie musicale et cinématographique, YouTube est aujourd’hui « la bibliothèque mondiale pour trouver à peu près tout », résume M. Trottier. Sa qualité initiale, qui lui a permis cet envol, c’est qu’il s’agit d’« un outil très polyvalent et très fonctionnel, qu’on peut utiliser pratiquement à notre guise pour diffuser ou pour visionner », analyse Bernard Motulsky, professeur du département de communication publique et sociale de l’Université du Québec à Montréal (UQAM).

Des controverses

Il est impossible de regrouper plus du quart de l’humanité sur un réseau social comme YouTube sans faire de vagues. À ses débuts, rappelle Danick Trottier, la bataille autour des droits d’auteur faisait rage. « Chaque fois que tu mettais un contenu d’un groupe dont la compagnie n’avait pas accepté, on te faisait retirer le contenu. Et au fil des années, il y a eu de plus en plus de laisser-aller. C’est comme si l’industrie de la musique s’était dit : “OK, la bataille est perdue, il faut oublier ça.” » Des contenus douteux ont été publiés, des influenceurs ont fait scandale de temps à autre, mais en comparaison de Facebook et X, YouTube s’en est plutôt bien tiré, estime Bernard Motulsky. « On y va, et on va chercher ce qui nous intéresse. S’il y a des choses qu’on n’a pas envie de regarder, il n’y a personne qui nous y oblige. C’est clair qu’il y a des choses qui n’ont pas de sens, mais on n’est pas agressé. »

L’avenir

YouTube, a écrit dans son billet de blogue son PDG, Neal Mohan, le 11 février dernier, n’est pas qu’un rival aux plateformes de diffusion musicale comme Spotify et Apple Music : « C’est la nouvelle télévision. » Statistiquement, c’est d’ailleurs sur leur téléviseur et non sur leur téléphone ou leur ordinateur que les utilisateurs ont le plus consommé le contenu, précise le PDG. M. Motulsky dresse le même constat, lui qui avoue aller tous les jours sur YouTube et avoir adhéré à la formule payante, pour éviter les publicités. « C’est de plus en plus utilisé sur toutes les télévisions, on peut regarder en direct, louer ou acheter des films, visionner des émissions, surtout des documentaires, sur sa télé. »

Au Département de musique de l’UQAM, près de 300 étudiantes et étudiants aux 3 cycles orchestrent leur avenir par l’acquisition des meilleures notions qui soient, prodiguées avec grande expertise par un corps professoral dévoué et connecté au milieu. Au programme : musique populaire et classique, enseignement, études et pratiques des arts, musique de film.

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