Auteur : Girard, Chloé

Nos étudiant.es au Quartier des spectacles ! 

Amorcez votre soirée sur une bonne note en compagnie de talent de la relève musicale! 

En formule 5 à 7, des étudiant·es de trois universités montréalaises offrent des prestations gratuites lors de trois soirées chacune, ce qui vous donnera l’occasion d’apprécier la virtuosité et de découvrir ces étoiles montantes! 

Les étudiant-es du Département de musique de l’UQAM seront sur scène au Salon urbain les 13, 14 et 15 mars 2025

  • 13 mars – Sara Vaillancourt (voix) en trio avec Émile-Loup T. Gravel (basse) et Sacha Thibaud (piano)
  • 14 mars - Jérome Légaré (contrebasse) en trio instrumental avec Jules Minville (guitare) et Vincent Saintonge (batterie)
  • 15 mars - Myriam Clermont (voix) en quatuor avec Jules Minville (guitare), Jérôme Légaré (contrebasse) et Vincent Saintonge (batterie)

Il s’agit d’évènements gratuits alors n’hésitez plus à aller soutenir nos étudiant-es!

Information détaillées

Une étude démontre que la pratique de la musique favorise le bien-être

Publié le 22 décembre 2024| Coralie Laplante | Noovo.info

La professeure en enseignement de la musique Audrey-Kristel Barbeau est passée en entrevue pour la rédaction de cet article.

Lire l’article sur le site Noovo.info

La fréquence de la pratique musicale a aussi un rôle à jouer dans l'ampleur de ses bienfaits.

Si les impacts positifs de la pratique de l'activité physique sur la santé sont bien connus de la population, les effets de la musique le sont moins. Une étude réalisée par des chercheurs de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) met en lumière les bienfaits de la musique sur le bien-être, la santé mentale et le soutien social, qui sont similaires à ceux retrouvés en faisant du sport.

L'étude publiée dans la revue Frontiers in Psychology a interrogé 2438 Canadiens âgés de 14 à 92 ans, au cours des mois de janvier à juin 2022, en pleine pandémie de COVID-19, au moyen d'un questionnaire en ligne.

«Originalement, on souhaitait savoir quels étaient les effets de la pratique instrumentale, mais notre équipe de recherche trouvait très important de pouvoir comparer avec la population canadienne en général, donc les personnes qui ne faisaient pas de musique, et les personnes qui faisaient d’autres types de musique, comme les chœurs, les pratiques solos, etc.», détaille Audrey-Kristel Barbeau, professeure au département de musique de l'UQAM et cochercheuse de l'étude.

L'échantillon analysé comprenait 1619 musiciens, soit les personnes ayant une pratique musicale au moment du sondage, classés comme étant des musiciens professionnels, amateurs, des élèves du secondaire ou des personnes pratiquant la musique à un niveau postsecondaire.

«Le fait de pratiquer de la musique, ça a un impact non seulement sur la santé mentale, mais aussi sur le bien-être et le soutien social. Ça, c’est clair quand on compare avec les personnes qui ne font pas musique, donc la population générale», résume la professeure Barbeau.

L'étude a trouvé certaines nuances dans ces bienfaits au sein de différents types de pratiques musicales, notamment entre les musiciens qui pratiquent en groupe et ceux qui jouent en solo.

«Les musiciens qui pratiquent en solo ont été particulièrement et négativement affectés au niveau de la santé mentale durant la pandémie par rapport à ceux qui ne faisaient pas de la musique en solo», explique Mme Barbeau.

Toutefois, étonnamment, l'étude a permis de constater que les solistes bénéficiaient d'un meilleur soutien social que les personnes qui pratiquaient la musique en groupe, comme au sein d'harmonies et d'orchestres.

«L’hypothèse était que c’est peut-être un effet de solidarité par solitude dans le temps de la pandémie, le fait qu’il y avait des concerts de balcon, des performances en ligne», indique la professeure.

De plus, les répondants au sondage pouvaient sélectionner plus d'un type de pratique, ce qui a pu avoir un effet sur les résultats de l'étude, alors que plusieurs musiciens ont indiqué jouer de la musique en solo et dans un groupe simultanément. Leur soutien social pouvait donc venir en partie de leur pratique en groupe.

Des différences entre les musiciens amateurs et professionnels

La fréquence de la pratique musicale a aussi un rôle à jouer dans l'ampleur de ses bienfaits.

«Plus on pratique, plus ça a un impact sur le bien-être, la santé mentale, le soutien social», affirme Mme Barbeau. Cela peut s'expliquer par le plaisir que procure la pratique musicale, mais aussi par le fait qu'une pratique régulière peut amener une personne à voir des améliorations musicales plus tangibles, ce qui a un effet positif sur la motivation, précise la professeure.

De plus, l'étude a constaté que le niveau de bien-être était plus élevé chez les musiciens amateurs que chez les musiciens professionnels et ceux faisant de la musique au niveau postsecondaire. L'étude définit les personnes ayant une pratique musicale postsecondaire comme des musiciens qui ont étudié la musique et qui continueraient à faire de la musique de haut niveau, sans que cela soit leur métier principal, indique Mme Barbeau.

La professeure explique que la santé mentale de ces deux derniers types de personnes a pu être davantage affectée au cours de la pandémie, notamment en raison de la précarité financière liée à l'arrêt des concerts et l'incertitude en ce qui concerne leur emploi. Les musiciens professionnels sont aussi confrontés à l'anxiété de performance et au risque de blessures en performant souvent, ce qui peut également expliquer ce constat, ajoute-t-elle.

Les résultats suggèrent donc que «la pratique musicale amatrice faite de manière régulière, et particulièrement en groupe», jumelée avec des activités sportives ou sociales, ont particulièrement un impact positif, selon la professeure.

«Ça a eu un effet durant la pandémie, et je suis convaincue que, si on refaisait le sondage aujourd'hui, on pourrait voir que c'est encore effectivement un bienfait de participer à tout ça», soutient Mme Barbeau.

L'accessibilité de la musique

L'étude précise également que la pratique musicale, lorsqu'elle est jumelée à la pratique d'un sport, à la participation à des clubs sociaux ou au bénévolat, a des effets positifs sur le bien-être.

«Il y a une bonne connaissance des effets bénéfiques qu’on retrouve par le sport dans la société, et les effets bénéfiques de la musique, je dirais que ça commence, mais ce n'est vraiment pas au niveau du sport», affirme Mme Barbeau.

La professeure souligne qu'une perception élitiste de la pratique de la musique demeure dans la société.

«Ce serait bien que, de plus en plus, la musique soit vue comme un élément accessible et qui apporte des bienfaits pour la santé des gens.»

Dans le cadre de ses études doctorales, Mme Barbeau a d'ailleurs créé un ensemble destiné aux personnes qui n'avait jamais fait de musique et qui décidait d'apprendre un instrument plus tard dans leur vie, de façon à rendre la pratique d'un instrument plus accessible.

La professeure souligne qu'il y a d'autres façons peu dispendieuses de pratiquer la musique, comme à l'aide d'un logiciel qui permet de composer de la musique, ou en chantant au sein d'un chœur, le chant ayant aussi des bienfaits. Certaines bibliothèques offrent aussi le prêt d'instruments.

Enfin, Mme Barbeau a précisé que l'étude actuellement publiée est une première recherche, alors que les chercheurs analyseront d'autres données pour faire des comparaisons plus détaillées entre les musiciens et la population générale, ainsi qu'une étude se penchant sur la variable du genre.

Photo: Benjamin Samaha, étudiant en piano classique. Crédit: Van Hoan Le

Un article portant sur le même sujet a été publié dans dans le Soleil : https://www.lesoleil.com/science/2024/12/22/la-pratique-de-la-musique-favorise-le-bien-etre-I7SKEKIUDFHBHGVM72VOBLRRZA/

Revue Musique en acte 4 sur la recherche collaborative sur et par la musique

Découvrez le dernier numéro de la revue Musique en acte qui vient de paraître. Plusieurs professeur-es, chargée de cours et étudiant-es du Département de musique ont participé à la rédaction des différents articles de ce numéro.

  • Professeur-es : Isabelle Héroux, Hélène Boucher, Danick Trottier et Ons Barnat
  • Chargée de cours : Catherine Tardif
  • Étudiant-es : Sébastien Boucher et Louis-Édouard Thouin-Poppe

Lire la revue Ici

Éditorial :

Alessandro Arbo et Vincent Granata, Éditorial, Musique en acte 4 (2023), p. 3. https://creaa.unistra.fr/publications/revues/revue-musique-en-acte/revue-musique-en-acte/musique-en-acte-4-2023/, consulté le 11/02/2025

Depuis sa naissance, en 2020, la revue Musique en acte s’est proposée de favoriser la recherche interdisciplinaire dans l’étude de l’acte musical. Une telle interdisciplinarité a été également au cœur des travaux du Groupe de Recherches Expérimentales sur l’Acte musical (LabEx GREAM, 2011-2020), puis de ceux du Centre de Recherche et d’Expérimentation sur l’Acte Artistique (ITI CREAA). Parmi les institutions universitaires qui, dans le monde, partagent ce même objectif, l’Observatoire Interdisciplinaire de Création et de Recherche en Musique de l’Université de Montréal (Canada), se distingue à la fois par son ampleur et la richesse des méthodologies et des approches qu’il met en œuvre pour étudier la création musicale. Ce regroupement stratégique financé par le Fonds de recherche du Québec – société et culture (FRQ-SC) a été et continue à être un partenaire scientifique de premier plan, aussi bien pour le GREAM que pour le CREAA. Il réunit plus de 40 chercheuses et chercheurs du Québec, plus d’une cinquantaine de collaboratrices et collaborateurs du Québec, du Canada et de l’étranger, et environ 150 étudiantes et étudiants. Il fédère des équipes, des laboratoires, des chaires de recherche canadiennes dont les orientations scientifiques empruntent à l’ethnomusicologie et l’organologie, l’informatique et l’acoustique, l’histoire et la sociologie, la recherche-création (composition, interprétation), la musicologie comparée et l’anthropologie de la musique, la pédagogie et la didactique musicales, les études cinématographiques, les arts médiatiques et les arts du son, la médiation de la musique.

***

L’effort de convergence interdisciplinaire poursuivi par ce regroupement universitaire est mis en exergue par la recherche collaborative à l’œuvre dans ce dossier thématique, dirigé par Michel Duchesneau et consacré à la recherche dans les domaines de l’enseignement de la musique et de la recherche-création. Nous avons l’honneur et le plaisir de l’accueillir dans le numéro 4 de Musique en acte, qui lui est entièrement dédié.

Alessandro Arbo, Directeur éditorial

Vincent Granata, Rédacteur en chef

À vos guitares, prêts, jouez!

Isabelle Héroux, professeure en enseignement de la musique au Département de musique de l’UQAM et guitariste classique et Louis-Édouard Thouin-Poppe, doctorat en Études en pratique des arts à l'UQAM et guitariste classique signent ce nouvel ouvrage pour l’enseignement de la guitare classique en groupe qui a été conçu pour offrir un répertoire original et contrasté composé de duos, de trios et de quatuors favorisant le développement du jeu en ensemble et de l’expressivité à l’instrument.

Ce quatrième cahier est consacré au jeu en ensemble grâce à cinq trios et trois quatuors de styles variés (tango, ballade, rock…) appropriés pour la fin du primaire avec quelques années d’expérience et le début du secondaire. Certaines pièces sont écrites de manière homorythmique et peuvent constituer une initiation à la musique d’ensemble, alors que d’autres sont plutôt polyrythmiques. Elles peuvent constituer un premier contact avec les techniques et effets suivants : staccato, pizzicato, accent, louré, harmonique naturelle, percussion ou cordes croisées. Ce volume s’adresse donc aux guitaristes qui connaissent déjà les notes en première position. Deux pièces comportent une partie plus avancée avec une initiation au jeu en Ve position. Ce sont des pièces courtes qui ne présentent pas de défis techniques outre ceux permettant de réaliser les effets et de jouer de manière expressive. 

Vous trouverez dans les partitions des indications de nuances, de timbre, d’attaque et de doigtés qui constituent des suggestions de travail et non des prescriptions. Ainsi, les enseignants et les élèves sont invités à faire des choix d’interprétation différents de ceux qui sont proposés ou à tenter de rendre de manière convaincante ceux déjà écrits.

Les pièces ont été composées ou arrangées par des étudiants en enseignement de la musique de l’UQAM dans le cadre d’un cours qui vise à outiller les musiciens pour l’enseignement de la guitare dans le système scolaire. Beaucoup d’entre eux sont des musiciens provenant d’horizons différents (composition, interprétation, musique du monde, etc.) ce qui explique la créativité que l’on retrouve dans les pièces. Toutes les pièces ont fait l’objet d’un enregistrement audio disponible sur le site des Productions d’Oz et sur YouTube.  Recherchez À vos guitares, prêts, jouez! Vol. 4.

Acheter l’ouvrage

Un prix OPUS pour le Quatuor Molinari

Félicitations au Quatuor Molinari, dont fait partir Frédérique Lambert  (chargé de cours en violon et alto au Département de musique), qui a gagné le Prix OPUS Concert de l'année - Musiques moderne, contemporaine pour le concert «Deux» .

Le concert "Deux" juxtapose deux compositeurs avec deux quatuors de chacun. La mécanique implacable et l’originalité de la musique de John Rea sont mises en parallèle avec la force émotionnelle et l’intensité dramatique de celle de Dimitri Chostakovitch.

Lancement du balado Orchestrer son avenir avec des diplômé.es en musique : entretien avec Flavie Léger Roy.

🤩 Découvrez le nouveau balado "Orchestrer son avenir" du Département de musique de l'UQAM qui vous présente des entrevues inspirantes avec des personnes diplômées du baccalauréat en pratique artistique de l'UQAM.

Ces rencontres vous permettent de découvrir les parcours professionnels et universitaires de personnes passionnées et engagées qui ont choisi la musique comme carrière.

🙌 Dans cet épisode, Danick Trottier s'entretient avec Flavie Léger-Roy, diplômée du baccalauréat en musique concentration pratique artistique populaire du Département de musique de l’UQAM (2009).

Artiste multidisciplinaire formée en art dramatique, création littéraire et musique, elle a lancé trois albums solos acclamés depuis 2011, dont "Ce chapeau est trop grand pour moi" (2020), nommé aux Prix de musique folk canadienne. 

Parolière du groupe Les Bouches Bées, qui compte trois albums récompensés, elle fait également partie du groupe PRINCESSES, dont le récent EP "Face A" (2023) leur a valu plusieurs distinctions, dont une nomination comme Espoir 2024 au GAMIQ. 

L'épisode se termine avec la pièce Vite, du groupe Princesses.

🌟 Bonne écoute ! 

Le XXIe siècle du post-genre musical

Philippe Renaud | Le Devoir (Culture - Musique) | Publié le 4 janvier

Danick Trottier, professeur de musicologie est cité a de nombreuses reprises dans cet article.

Lire l’article sur le site Le Devoir

Ce premier quart du XXIe siècle en musique aura été marqué par l’avènement du numérique, à commencer par l’impact que les nouvelles technologies ont eu sur l’industrie du disque et, plus globalement, l’économie du monde musical. Internet et la dématérialisation du support physique ont également joué un rôle dans la transformation de la musique elle-même : une nouvelle génération de créateurs, des omnivores musicaux, brouille les frontières entre les genres musicaux au point où on peut se demander si ces genres ont encore une signification, et même un avenir. Réflexions avec une musicienne, un professeur universitaire et un patron de maison de disques.

Virginie B a lancé plus tôt cette année son deuxième album, le très coloré, et rythmé, Astral 2000. Arrivée à la fin de sa vingtaine, l’autrice-compositrice-interprète se rappelle avoir « connu les CD, mais j’ai rapidement adopté le streaming. En vérité, je suis vraiment de la génération YouTube, qui découvrait la musique à travers les vidéoclips », et plus encore. Avant les plateformes d’écoute en continu, comme Spotify et Deezer, YouTube, qui aura 20 ans le 14 février, offrait au bout du clic de souris une somme phénoménale d’enregistrements musicaux.

« Sherbrooke, où j’ai grandi, était un bassin de fans de différentes tendances musicales, explique Virginie B. Moi, c’était l’indie, le folk sale, un peu de punk : c’est ce qu’on écoutait, avant que je m’ouvre à autre chose. » Paru en 2022, Insula, son premier album, touche au R&B, à la néosoul et à la pop. Sur Astral 2000, elle a pris un radical virage hyperpop (« de la pop très consciente d’elle-même, et pour moi une manière de faire de la musique plus qu’un genre », établit Virginie), l’un des rares nouveaux genres à avoir su passer à travers des modes et des mèmes, et dont la musicienne britannique Charli XCX est devenue le visage dans la culture populaire grâce au succès de son album Brat.

Comme nombre de compositeurs de sa génération, Virginie B fait une musique qui change de forme d’un projet à l’autre. Elle n’appartient à aucune chapelle esthétique, mais se passionne aujourd’hui pour la chanson électronique, les rythmes, la démarche des DJ et remixeurs. Du folk sale à la musique de club, elle a zigzagué, s’inspirant de toutes les musiques offertes à elle dans les discothèques infinies des plateformes de diffusion en continu.

Décloisonnement des genres

« La généalogie de leurs habitudes d’écoute est différente de celle des générations plus vieilles, ça, c’est très clair. Chez les jeunes, il y a beaucoup moins de frontières entre les genres », relève Danick Trottier, professeur de musicologie, directeur du Département de musique de l’UQAM et auteur de l’essai Le classique fait pop ! (XYZ, 2021). Les genres musicaux sont-ils solubles dans Internet ? « C’est, en tout cas, la fin du purisme musical. »

Le musicologue est assez vieux pour avoir connu la cour d’école de la fin du XXe siècle, où les jeunes se regroupaient selon leur genre musical préféré. Or, « c’est clair qu’une fois arrivé le monde numérique, ces barrières sont tombées — pas toutes, pas partout, il y a encore des communautés de fans, on le voit par exemple avec les swifties [adeptes de Taylor Swift]. Aujourd’hui, même les jeunes qui ne l’aiment pas spécialement vont aller l’écouter grâce à l’accès aux plateformes. Et ça, c’est ce qu’annonçaient les études sur les habitudes culturelles : l’éclectisme des goûts. Le “boulimisme” culturel, qui fait tomber les barrières entre les genres ».

Ce que le professeur désigne comme le « décloisonnement des genres » musicaux dans son essai s’explique également en partie par la perte d’influence des médias généralistes. « Ils ont un peu moins de portée sociale qu’avant parce que les critiques, ces intermédiaires, avaient un pouvoir important sur la manière de décrire et de qualifier la musique et de donner des repères. Comme on est dans un XXIe siècle où il y a moins de repères, on est aussi dans une forme d’éclectisme, dans un bain musical que j’appelle parfois la “babélisation” de la musique. À ce moment-là, les genres musicaux ont moins de portée. »

Ainsi, selon Danick Trottier, le XXIe siècle a accéléré un phénomène de fusion des genres musicaux et vu apparaître des stars pop butinant d’un genre à l’autre. « Je suis fasciné de voir comment les artistes cherchent à transgresser les genres, ce que Beyoncé a fait, par exemple, sur Cowboy Carter », paru cette année, d’abord présenté par l’idole R&B comme un album country. « D’autres musiciens l’ont fait durant le XXe siècle, mais pas à ce point — on dirait parfois que chaque nouvel album d’un artiste est une traversée de genres musicaux. Je pense aussi que ça répond à un besoin : ratisser large, musicalement, pour aller chercher un plus grand public. J’émets l’hypothèse que ça fait d’ailleurs partie du succès de Taylor Swift, c’est-à-dire comment elle a su, d’un album à l’autre, s’approprier d’autres genres musicaux. »

Les maisons de disques se sont mises au diapason. « Il reste des labelsqui adoptent une esthétique claire, comme Mothland et la musique psychédélique, mais même dans leur répertoire, ça se promène d’un genre à l’autre », remarque Tommy Bélisle, cofondateur de l’étiquette Bonbonbon, claviériste de Choses Sauvages et enfant de la musique numérique qui, à l’âge de 8 ans, « a téléchargé sur LimeWire et Kazaa toute la discographie de Beck parce que je l’avais vu dans un épisode de Futurama ».

« Moi, ce qui m’a toujours fait tripper dans la musique, c’est justement ces mélanges, ce choc des idées, parce que depuis que je suis tout petit, j’écoute un tas de musiques différentes. Chez nous, à Bonbonbon, autant on écoute des trucs vraiment punk que d’autres disons plus électroniques et doux, comme le son [du trio montréalais] Totalement Sublime. Et ce qui est sûr, c’est que depuis une dizaine d’années, ce qui marche, ce sont des projets musicaux d’abord pop, mais qui ont plein de saveurs musicales différentes — je pense à Hubert Lenoir, qui offre un premier album revival seventies, puis un deuxième qui mélange la pop, le R&B et le hip-hop lo-fi. »

La musique parallèle à découvert

Un autre phénomène propre aux 25 dernières années pourrait avoir accéléré ce décloisonnement des genres : à l’ère de TikTok, d’Instagram et des autres réseaux sociaux, où l’information se diffuse instantanément, les scènes musicales parallèles, où qu’elles soient dans le monde, ne restent plus secrètes très longtemps.

Or, ces scènes underground ont traditionnellement agi comme des incubateurs de nouveaux genres musicaux. Un nouveau genre a-t-il la chance de se développer s’il est vite découvert ? Tommy Bélisle croit plutôt qu’on ne cessera de voir de nouveaux genres apparaître « parce qu’il y aura toujours des pépites musicales cachées. Mais c’est difficile de le savoir quand on a le nez dans la scène, il faut du temps et du recul pour pouvoir mettre le doigt sur une tendance. Juste depuis l’an 2000, on peut en nommer quelques-uns », comme l’hyperpop ou le dubstep.

Danick Trottier suggère également le « modern classical », dont Jean-Michel Blais et Alexandra Stréliski sont les représentants au Québec. « Toute cette musique instrumentale était dans notre angle mort, on ne l’avait pas vue venir. Personne ne pouvait prédire que ça deviendrait une tangente forte dans nos habitudes d’écoute, et cette musique instrumentale ne se tarit pas pour l’instant. Ça, pour moi, est un exemple d’un nouveau courant — pas dominant, mais important. »

En revanche, estime le professeur, « l’idée d’une scène musicale qui se développe tranquillement, réunissant d’abord une communauté de fans locaux pour ensuite rejoindre un plus large public en prenant le temps de “maturer”, on n’est plus là. D’ailleurs, ce concept de scène musicale, très important dans les popular music studies, on est en train de le revoir parce qu’on se rend compte qu’il fonctionnait bien pour étudier les scènes du XXe — Seattle, Manchester, même Montréal —, mais moins aujourd’hui ».

« Cependant, prévient Danick Trottier, il y a des scènes à l’extérieur du monde occidental qui mûrissent plus lentement, et les surprises pourraient venir de là. Le phénomène [d’exposition rapide d’une scène musicale] crée une difficulté à faire émerger de nouveaux genres musicaux, mais on n’est pas au bout de nos surprises parce qu’on vit dans un monde tellement complexe que ces évolutions génétiques des genres musicaux sont difficiles à percevoir. »

Photo: Eduardo Verdugo Associated Press  Charli XCX se produit lors du festival de musique Corona Capital à Mexico, le 18 novembre 2022.

LES FINALISTES QUI NOUS ONT FAIT VIBRER : Prix OPUS édition28

Félicitations à Danick Trottier, musicologue et directeur du Département de musique et Béatrice Beaudin-Caillé, diplômée du baccalauréat en musique concentration pratique artistique classique (piano), finalistes des prix OPUS|édition 28 dans la Catégorie Écrit de l’année / Article de l’Année pour leur article “LA MUSIQUE INSTRUMENTALE PRODUITE AU QUÉBEC DURANT LA DÉCENNIE 2010 : ÉTABLISSEMENT D’UN CORPUS ET ANALYSE DU PHÉNOMÈNE

L’étude au fondement de cet article a pris forme durant l’année 2021 alors que Béatrice Beaudin-Caillé (depuis diplômée de l’UQAM en musique et de l’UdeM en médiation) réalisait des études en piano classique et que Danick Trottier (professeur titulaire de musicologie à l’UQAM) faisait paraître son essai Le classique fait pop! Pluralité musicale et décloisonnement des genres.

L’étude avait pour objectif de délimiter le corpus associé à la musique instrumentale de la décennie 2010 dans l’industrie de la musique québécoise, plus précisément celle destinée à l’enregistrement et secondée par un travail de composition, donc à mi-chemin entre classique et populaire.

L’article qui en résulte analyse le phénomène tout en s’interrogeant sur son importance dans la foulée des succès qu’ont connus des pianistes comme Jean-Michel Blais, Martin Lizotte, Marc-André Pépin et Alexandra Stréliski.

Félicitations également au Quatuor Molinari -dont fait partie Frédéric Lambert (alto), actuellement chargé de cours au Département de musique- finaliste également dans plusieurs catégories :

  • Musiques modernes et contemporaines | Concert de l’année avec le concert «Deux» qui juxtapose deux compositeurs avec deux quatuors de chacun. La mécanique implacable et l’originalité de la musique de John Rea sont mises en parallèle avec la force émotionnelle et l’intensité dramatique de celle de Dimitri Chostakovitch.
  • Musiques modernes et contemporaines | Concert de l’année avec Le Quatuor selon Webern. Un des trois grands maîtres de la Seconde école de Vienne avec Arnold Schoenberg et Alban Berg, Anton Webern a écrit pas moins de six quatuors à cordes. À travers cette intégrale présentée par le Quatuor Molinari, le public a pu suivre le parcours du compositeur dont les premiers quatuors sont tantôt d’une esthétique post-romantique, puis chromatique et enfin, atonale et sérielle dodécaphonique.
  • Musiques modernes et contemporaines | Albums de l’année Glass : Complete strings quartets - string quartets nos. 5-7, vol.2. Le volume 2 de l’intégrale des quatuors à cordes de Philip Glass est le tout dernier enregistrement du Quatuor Molinari, maintes fois primé. Cette version exclusivement numérique comprend les quatuors à cordes nos 5 à 7 et sera suivie d’un troisième volume qui sera enregistré l’année prochaine. L’ensemble des quatuors sera finalement publié sous la forme d’un coffret. Philip Glass est un compositeur marquant de la musique contemporaine. Figure de proue du mouvement minimaliste américain aux côtés de Steve Reich, John Adams et Terry Riley, Glass a mené une carrière artistique étonnamment riche et diversifiée.

Au Département de musique de l’UQAM, près de 300 étudiantes et étudiants aux 3 cycles orchestrent leur avenir par l’acquisition des meilleures notions qui soient, prodiguées avec grande expertise par un corps professoral dévoué et connecté au milieu. Au programme : musique populaire et classique, enseignement, études et pratiques des arts, musique de film.

Suivez-nous

Coordonnées

Département de musique
Local F-3460
1440, rue St-Denis
Montréal (Québec) H2X 3J8